L’Association Suisse des Médecins Indépendants (ASMI) recommande de ne pas donner suite à l’initiative parlementaire Prelicz-Huber.
Le catalogue des prestations de l’assurance obligatoire des soins (AOS) comprend déjà des traitements dentaires pertinents, par exemple la parodontite juvénile. Les infirmités congénitales sont prises en charge par l’assurance-invalidité (AI) et les dommages accidentels par l’assurance-accidents (AA).
On peut faire confiance à une population responsable pour mettre en place une prophylaxie efficace au moyen de l’hygiène dentaire afin de prévenir les maladies dentaires. En Suisse, la santé dentaire s’est améliorée de génération en génération, et ce pour des coûts de santé minimes.
La prophylaxie est essentielle pour l’hygiène dentaire et est déjà encouragée en Suisse par le service dentaire scolaire. En Allemagne, il existe une assurance obligatoire pour les soins dentaires et l’équivalent du service dentaire scolaire suisse est constitué par les contrôles dentaires de routine, qui sont une condition préalable à l’obtention d’une subvention, par exemple en cas de pose d’implants. Selon le monitoring de la santé de l’institut allemand Robert Koch, ce sont toutefois surtout les personnes socialement et économiquement faibles qui profitent moins de cette offre. Si ce groupe ne prend pas suffisamment soin de ses dents, il est plus susceptible de contracter des maladies dentaires et s’il n’a pas effectué les contrôles dentaires de routine prescrits, il sera confronté à une franchise plus élevée en cas de maladie dentaire grave. L’assurance obligatoire des soins dentaires entraîne donc une répartition inégale des coûts au détriment des groupes de population socialement et économiquement les plus faibles.
En comparaison internationale également, la Suisse se situe, en matière de santé bucco-dentaire, devant les pays disposant d’une assurance obligatoire des soins dentaires, comme le prouvent des études de l’OMS. La part des jeunes de 13 ans qui se brossent les dents plus d’une fois par jour est la plus élevée en Suisse.
Une autre mesure de l’hygiène dentaire est l’indice DMFT, qui décrit la proportion de dents présentant des lésions carieuses chez les enfants de 12 ans. Là encore, la Suisse se situe parmi les meilleurs, en raison de la responsabilité de sa population et malgré les faibles dépenses consacrées à la santé dentaire. Cette responsabilité individuelle disparaîtrait si l’hygiène dentaire était financée par l’assurance maladie. Cela revient en outre à exiger une assurance obligatoire des soins dentaires.
L’avantage d’une assurance obligatoire des soins dentaires n’est toutefois pas évident. Premièrement, les franchises sont très élevées dans les pays voisins de la Suisse, deuxièmement, les inégalités économiques entre les assurés dans les pays respectifs sont également élevées, ces pays ne peuvent donc pas marquer de points par rapport à la Suisse en matière de prophylaxie, d’hygiène dentaire ou de prix de revient.
Le financement par des fonds fédéraux serait en outre une répartition de saupoudrage. Il est plus judicieux de prendre en charge les frais de traitement à titre subsidiaire, lorsqu’une personne n’a pas les moyens financiers de payer un traitement pertinent. En outre, il est possible de conclure des assurances dentaires complémentaires à des prix très avantageux. Une assurance obligatoire supprimerait ici une autre possibilité de choix sans apporter aucun avantage.
L’exemple de l’Allemagne fait en outre craindre qu’une évaluation de l’impact sur les coûts n’aboutisse à un très mauvais résultat.
En conclusion, on peut seulement dire que les fonds fédéraux doivent être utilisés de manière ciblée et que la responsabilité individuelle de la population ne doit pas être diminuée. C’est pourquoi l’ASMI recommande le rejet.